Toutes les disciplines, ont des concepts, des incontournables, des “principes“. Ces principes, sont toujours le socle sur lequel se construisent les techniques qui nous permettrons de cheminer, puis, peut être, d’accéder à la singularité de telles ou telles pratiques.
Chacune réclame bien souvent, persévérance, assiduité, ainsi qu’une certaine évolution de son état d’esprit, voire, une ouverture, une découverte de soi, pour être intégrée.
Que l’on pratique la peinture, la boxe, le théâtre ou les arts martiaux, le combat, si combat il y a, sera entre soi et soi. Entre ce que nous croyons savoir et ce que nous pouvons apprendre.
Irimi, est un des principes fondateur de l’AIKIDO, qui demande cet état d’esprit d’ouverture, nécessaire à sa compréhension, son apprentissage, mais surtout la réalisation de ses techniques, de son art.
Il est tout à fait possible de définir ‘’Irimi’’ comme s’agissant de faire un pas en avant, puis légèrement sur le côté afin d’éviter la “charge“ de l’assaillant et mieux le contrôler. Mais les pieds ne sont-ils pas suivi d’une autre partie du corps et entraînés par un “donneur d’ordre“.
S’arrêter à cette définition serait tromper le lecteur ou futur pratiquant, à travers ce raccourci simpliste.
Alors, sans tomber dans un discours emprunt de divin, de spiritualité, de mysticisme, Irimi est une attitude, une présence, le préalable à tout ajustement que sous tend la pratique de l’aïkido. Ce n’est pas un simple évitement, car cet ajustement suppose une continuité, une poursuite de l’action, du contrôle de soi comme de l’autre. Il réclame une présence en terme de perception, un état d’esprit, une volonté, une maîtrise.
Faire de l’aïkido ne suppose pas d’être en capacité de détruire “l’autre“, encore moins de l’agresser, mais pas plus de se laisser anéantir ! Cela demande d’établir une “relation“, un lien, avec cet “autre“, de telle manière que rien de ce qu’il mettra en œuvre ne vienne nous perturber, mettant à mal notre intégrité, mais aussi, la sienne. Cependant, il s’agit aussi de ne pas perdre de vue que tout à une fin, et in fine, maîtriser l’adversaire.
La bienveillance n’exclut pas l’action…….
Irimi est le contraire d’un affrontement, d’une collision, c’est un ajustement permanent, à la vitesse, la force, la puissance, la volonté, l’équilibre et déséquilibre de l’assaillant.
Vous vous êtes certainement déjà retrouvés sur un trottoir marchant à travers une foule dense, genre marché de noël. Qu’avez-vous fait? Vous n’avez pas fait qu’éviter. Vous vous êtes “ajusté“, que vous soyez un homme ou une femme, pour poursuivre votre chemin, ne pas tomber, sans bousculer et être bousculé, sans cogner, la personne que vous avez croisé, parce que vous le vouliez ainsi. Absence de conflit! Tout en regrettant aussi, par moment, que l’on n’ait pas eu autant d’attention à votre égard…….
Irimi, c’est ce que chacun peut observer lorsqu’il voit une démonstration d’aïkido. Une danse pour certain, une harmonie, une collusion pour d’autre, un art martial pour ceux qui dépassent les apparences. Car trop souvent, la tendance est de juger l’efficacité d’un art martial à sa simple capacité à faire mal, à détruire…… Mais combien de temps peut-on rester le plus fort, le plus rapide ?……..
Réaliser Irimi à travers l’aïkido, c’est un aboutissement dans le contrôle de soi, de l’autre, de ses émotions, de son action, de ses intentions. Un art, un art martial.
Eric Ramon